Les travaux de recherche spécifiques sur les pratiques culturelles des enfants et des adolescents sont relativement récents, puisqu’ils sont liés au développement du courant de la sociologie de l’enfance et que les enquêtes nationales mises en place par le ministère de la Culture depuis les années 1960 ne s’adressaient qu’aux plus de 15 ans. Pour appréhender l’ensemble des activités culturelles et de loisirs des enfants et des adolescents en dehors du temps scolaire, comme par exemple le temps qu’ils passent à jouer, à écouter de la musique, à communiquer avec leurs pairs, etc., les sociologues utilisent ainsi plusieurs sources : ils croisent les données des enquêtes nationales et celles de recherches plus détaillées et qualitatives sur de plus petits échantillons.
Avec l’élargissement des pratiques culturelles et la modification des frontières entre consommateurs et producteurs dus au développement du numérique, de nouvelles réflexions émergent, sur la notion même de public qui est au cœur des dispositifs d’offre des équipements culturels, et sur les théories de la hiérarchisation et de la domination culturelles construites par Bourdieu. Quel est actuellement le poids des influences familiales sur les pratiques réelles des enfants et des adolescents ? Peut-on toujours définir une culture « légitime » qui correspondrait à celle des classes favorisées et dont les classes populaires seraient exclues ? Quel est le rôle des médias et de l’industrie culturelle dans l’envie de pratiquer telle ou telle activité culturelle ?
À travers ces questions, ce Dossier de veille de l’IFÉ aborde bien entendu des problématiques éducatives : l’école joue un rôle majeur d’ouverture et d’apprentissage culturels (en vue de l’acquisition d’un patrimoine culturel commun), et elle est en même temps le lieu principal de rencontres entre les enfants et les adolescents, porteurs chacun de marqueurs culturels familiaux, amicaux, territoriaux, etc. Ce dossier met en lumière les différentes manières dont les enfants et les adolescents se forgent leur propre personnalité et prennent leur autonomie face à ces nombreuses influences, mais également les manières dont ils se conforment ou au contraire résistent aux pratiques culturelles de leurs pairs, à la pression scolaire qui les incite à choisir leur orientation et aux restrictions familiales qui limitent parfois leur désir d’autonomie.
Source : IFÉ
Publication Dossier de veille de l’IFÉ, n°110
Date : avril 2016