En France (et c’est le cas dans de nombreux pays occidentaux qui disposent d’un système de protection de l’enfance), la proportion de personnes ayant été placées dans leur enfance est relativement faible dans la population générale (de l’ordre de 2 à 3%) alors qu’elle atteint 23% en 2012 parmi les utilisateurs des services d’aide (hébergement temporaire et restauration gratuite), pour ceux nés en France. Au sein des utilisateurs des services d’aide nés en France, ceux qui ont été placés dans leur enfance sont plus jeunes (34% ont entre 18 et 29 ans contre 23% pour ceux qui n’ont pas connu le placement) et plus souvent de sexe féminin (48% des anciens placés sont des femmes contre 30% parmi ceux qui n’ont pas connu le placement). Toujours au sein des utilisateurs de service d’aide, malgré une meilleure couverture maladie, 36% de ceux qui ont été placés dans leur enfance déclarent un état de santé mauvais ou très mauvais, soit deux fois plus que pour les autres (ceux qui n’ont pas connu le placement). Ce mauvais état de santé remonte plus fréquemment à l’enfance que pour les autres. Leur formation est plus courte (35% sont sans diplôme contre 29% pour les autres) et leurs emplois plus précaires. Au sein même des personnes placées dans leur enfance actuellement utilisatrices de services d’aide, les parcours de placement longs ou « sinueux » correspondent souvent à des formes plus précaires d’hébergement lors de la vie adulte et à un usage plus fréquent des services d’aide. Enfin, pour ces personnes anciennement placées, le premier épisode de rue ne fait pas toujours suite à l’arrêt de la prise en charge, il a pu précéder voire motiver le placement durant l’enfance ou bien avoir eu lieu (beaucoup) plus tard.
Source : INSEE
Publication : Economie et Statistique, n°n°488-489 P37
Date : septembre 2016