La pandémie de Covid aurait fait naître chez les citadins, notamment dans les métropoles, des aspirations à un cadre de vie plus vert et moins dense qui se seraient traduites par un flux de déménagements vers des villes plus petites ou des zones rurales [1]. Le débat persiste cependant sinon sur la réalité, du moins sur l’ampleur du phénomène. On tâche ici d’en avoir le cœur net en procédant au croisement de deux sources de données, les inscriptions scolaires – de la maternelle au lycée – et les prix de l’immobilier.
Dans l’ensemble, les résultats convergent avec ceux déjà constatés. Si on n’observe pas de bouleversement majeur des structures territoriales françaises, les dynamiques des indicateurs retenus montrent effectivement des signes de ralentissement dans les pôles des métropoles, quand les autres catégories de territoires, en particulier les couronnes des métropoles et des villes moyennes, affichent des taux de croissance supérieurs à la moyenne nationale. Les petites villes, ainsi que les communes rurales, voient leur situation s’améliorer, même si la hausse des prix de l’immobilier y reste inférieure à la moyenne nationale.
Au-delà de ces quelques régularités, c’est bien la diversité des situations qui prévaut cependant : on trouve partout en France métropolitaine des aires d’attraction de chaque catégorie présentant des évolutions plus favorables que la moyenne ou, à l’inverse, moins favorables. Se dessine ainsi une géographie singulière, qui ne semble pas provenir d’une accentuation de trajectoires passées.
Deux coups de loupe le confirment, avant et après la crise du Covid. Dans les villes moyennes tout d’abord, on observe deux fois plus d’évolutions différentielles positives que négatives, mais la comparaison avec les trajectoires d’avant-crise ne permet pas de dégager de continuité ni de rupture. Dans la région Nouvelle-Aquitaine, déjà globalement attractive, on ne détecte pas non plus de régularités macro-territoriales, qui opposeraient une partie littorale en essor et une partie est plus en retrait. Toutefois, des évolutions marquées se font jour pour certains territoires, les indicateurs retenus montrant ici une forte baisse (les pôles de La Rochelle ou Villeneuve-sur-Lot, par exemple) et là une forte augmentation (les couronnes de Loudun ou Montpon-Ménestérol, par exemple). Autant de variations locales et de signaux qui ne font pas encore un exode urbain.
Source : France Stratégie
Publication : La note d’analyse n°122, juin 2023