Comment la position d’une même personne dans la distribution des revenus évolue-t-elle au cours de sa vie ? S’il était jusqu’à présent difficile de répondre à cette question faute de panel de revenus sur longue période, les données fiscales de 2003 à 2020 permettent désormais d’analyser la mobilité des individus le long de la distribution des revenus individuels (avant redistribution), ainsi que l’impact de cette mobilité sur la mesure des inégalités appréhendées sur l’ensemble de la période étudiée.
En suivant les personnes âgées de 25 à 49 ans en 2003, l’étude révèle que la position des individus dans l’échelle des revenus en 2019-2020 est fortement corrélée (0,71) à la position en 2003-2004. L’inertie est particulièrement forte aux extrémités de la distribution : parmi les 20 % les plus aisés et les 20 % les plus modestes, près des deux tiers des individus restent dans la même catégorie 16 ans plus tard. La mobilité serait ainsi plus faible en France qu’aux États-Unis. Elle est cependant plus élevée pour les indépendants que pour les salariés. Les jeunes sont également plus mobiles. Les habitants des plus grandes aires d’attraction des villes persistent davantage en haut de la distribution et connaissent davantage de mobilités très ascendantes. Ces résultats sont robustes au concept de revenu considéré.
Par ailleurs, prendre en compte la mobilité des individus dans la mesure des inégalités de revenus change peu l’ampleur des inégalités de revenu telles que classiquement mesurées : un indice de Gini calculé à partir des revenus individuels moyens sur la période conduit à une valeur 7 % inférieure à celle calculée à partir des revenus annuels.
Source : Insee
Publication : Documents de travail No 2023-19, septembre 2023